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: Gestion de la connaissance Document : Dépêche : Le concept de « Ba » dans la voie japonaise de la création du savoir Auteur(s) : Prof. Pierre-Marie Fayard : mars 2002 Contact SST : François Brown de Colstoun, [email protected] Numéro : SMM03_046
Mots-clefs : gestion de la connaissance, knowledge management, création du Résumé savoir : Le concept de ba a été introduit en 1996 par Ikujiro Nonaka et Noboru Konno. Il joue un rôle fondamental dans la voie japonaise de la gestion du savoir et s’impose depuis peu dans le jargon spécialisé du Knowledge Management en dehors de l’archipel. L’approche que font les Japonais du KM se veut distincte de la nord-américaine, considérée comme essentiellement orientée technologies de l’information (IT oriented). L’empreinte de la culture d’origine du concept de ba le rend malaisé à apprécier dans les langues occidentales au moyen d’un mot unique et définitif, clair, distinct et sans ombre ! C’est pourquoi nous proposons de l’aborder à travers la formulation de communauté stratégique de connaissance. Ce rapport succinct est structuré en trois parties. La première aborde le ba en s’efforçant d’emprunter le point de vue culturel japonais, la seconde porte sur les implications et la sur dimension philosophique du concept, enfin nous en verrons une traduction sur le terrain à travers des exemples tirés de l’application du programme Human Health Care dans le groupe pharmaceutique Eisai. Le contenu de ce rapport provient d’une mission de recherche menée entre octobre 2001 et mars 2003 à To kyo. Il en résultera un ouvrage qui sera disponible courant 2003.
NB : Toutes nos publications sont disponibles auprès de l’Agence pour la Diffusion de l'Information Technologique (ADIT), 2, rue Brûlée, 67000 Strasbourg (http://www.adit.fr).
Pr. Pierre Fayard* Université de Poitiers
dans la voie japonaise de la création du savoir
Le concept de ba a été introduit en 1996 par Ikujiro Nonaka et Noboru Konno1. Il joue un rôle fondamental dans la voie japonaise de la gestion du savoir et s’impose depuis peu dans le jargon spécialisé du Knowledge Management en dehors de l’archipel. L’approche que font les Japonais du KM se veut distincte de la nord- américaine, considérée comme essentiellement orientée technologies de l’information (IT oriented). L’empreinte de la culture d’origine du concept de ba le rend malaisé à apprécier dans les langues occidentales au moyen d’un mot unique et définitif, clair, distinct et sans ombre ! C’est pourquoi nous proposons de l’aborder à travers la formulation de communauté stratégique de connaissance. Ce rapport succinct est structuré en trois parties. La première aborde le ba en s’efforçant d’emprunter le point de vue culturel japonais, la seconde porte sur les implications et la sur dimension philosophique du concept, enfin nous en verrons une traduction sur le terrain à travers des exemples tirés de l’application du programme Human Health Care dans le groupe pharmaceutique Eisai. Le contenu de ce rapport provient d’une mission de recherche menée entre octobre 2001 et mars 2003 à Tokyo avec le soutien du Service pour la Science et la Technologie de l’Ambassade de France au Japon. Il en résultera un ouvrage qui sera disponible courant 2003.
*Professeur en sciences de l’information et de la communication, Institut de la COMmunication et des nouvelles
TEChnologies (http://icomtec.univ-poitiers.fr) de l’Université de Poitiers. Directeur du LABCIS, Equipe de Recherche Doctorale n° 1227. [email protected] – www.stratego.tv.
Institut de la COMmunication et des nouvelles TEChnologies – Université de Poitiers
1 S’il n’est plus utile de présenter Ikujiro Nonaka, précisons que Noboru Konno est architecte urbaniste de formation.
Un concept japonais Ba est un idéogramme kanji2 dont la partie gauche peut être assimilée à la terre, à
l’eau bouillante ou à ce qui soulève, et dont la partie droite signifie ce qui rend
possible (enable). D’un coté, il désigne un potentiel, de l’autre un moteur ou un
mouvement qui imprime une direction. On qualifie de good ba, les bonnes situations
relationnelles où l’on s’énergise, celles qui rendent créatif et où les interactions sont
dynamiques et positives. On peut assimiler le ba à un milieu où les personnes
(potentiel) qui s’y (moteur) investissent éprouvent une évolution qualitative. La
partie droite de cet idéogramme renvoie à la philosophie du yin et du yang, soit de la
transformation permanente3 où la réalité est entendue comme une succession d’événements dont le flux est sans fin4. L’usage du concept remonte au philosophe
Kitaro Nishida5 qui désigne ainsi un espace physique où réside un pouvoir caché, où
l’on reçoit de l’énergie lorsque l’on s’y plonge. Il ne s’agit pas seulement d’un lieu
mais aussi d’un moment durant lequel se vit un processus dynamique de mutation et
d’émergence. Un ba peut être mémorisé, il est ouvert à une continuité de relation au
sein d’une atmosphère, d’une ambiance qui renvoie à un climat particulier lié à un
espace-temps partagé par une communauté (a shared space in motion6). Pour
Nishida, ce que nous qualifions de temps, d’espace et de forces physiques sont simplement des concepts établis afin d’organiser les faits et de les expliquer7. Dans
cette perspective, un ba se manifeste comme un niveau de conscience collective et en
développement à travers des interactions internes à un groupe et avec ses
2 En provenance de Chine, les kanji sont les idéogrammes les plus « conceptuels » utilisés par les Japonais. 3 Voir le Yi Jing. Le livre des changements, grand classique de la culture chinoise. 4 Nishida Kitaro, An inquiry into the Good, ou en version française : Logique du lieu et vision religieuse du monde, 1999. 5 Nishida 6 Nonaka & Konno. 7 Nishida
Ikujiro Nonaka définit le ba comme un espace partagé de relations en émergence. Cet espace peut être physique (le bureau ou des lieux de travail dispersés), mental (expériences partagées, idées, idéaux) ou toute combinaison des deux. Pour lui, ce qui différencie le ba des interactions humaines ordinaires est le concept de création de connaissance. Le ba fournit une plate-forme, qui, dans une perspective transcendante, intègre toute l’information requise (…) le ba est un contexte porteur de sens8. L’échange de données, d’informations et d’opinions, la mobilisation et la
collaboration sur un projet pour affronter l’inconnu et la nécessité traduisent le ba
dans l’organisation. Pour ce faire, l’aménagement de vides, d’espaces de tension
créative et de relations lui sont favorables. Le ba comporte aussi une sorte
d’indétermination orientée mais ouverte, tacitement vécue comme un cercle de
connivence. Il ne se décrète pas mais requiert une adhésion volontaire. Il ne se
construit pas sur le mode du command and control propre à un management
pyramidal traditionnel mais plutôt sur celui d’un energize and stimulate9déployé
dans un climat d’attention et de respect mutuel. Il est fondamentalement subjectif et
relationnel et on s’y investit parce qu’il y règne un intérêt commun et que les
relations humaines n’y sont pas l’objet d’affrontements.
Reprenant en cela les quatre phases du modèle SECI10 de Nonaka, il est possible
de considérer les effets du ba dans ses différentes particularités : son émergence, la
socialisation qu’il opère, l’interaction systématique qu’il permet et enfin son effet
comme agent d’intériorisation de connaissance. Le ba comporte une forte
composante tacite lorsque se partagent les émotions, les expériences, les sentiments
et les images mentales. Il fournit un contexte pour la socialisation, un espace
existentiel dans le sens où il représente le lieu où l’individu transcende ses limites au
moyen d’une expérience physique à même de provoquer l’implication de l’ensemble
de ses capacités11. Attention, amour, confiance et responsabilité y sont nécessaires
8 … ba could be thought as a shared space for emerging relationships. This space can be physical (e.g., office, dispersed business space), mental (e.g. shared experiences, ideas, ideals) or any comb ination of them. What differenciates ba from ordinary human interactions is the concept of knowledge creation. Ba provides a platform that a transcendental perspective integrates all information needed. Ba may also be thought as the recognition of the self in all. According to the theory of existentialism, ba is a context which harbors meaning. Thus, we consider ba to be shared space that serves as a foundation for knowledge creation (Nonaka : The Concept of « Ba » : Building a Foundation for Knowledge Creation, 1998). 9 Kazue Kikawada, Knowledge Dynamic Initiative, Fuji Xerox, doc. interne, Tokyo 2000. 10 Socialisation – Extériorisation – Combinaison – Intériorisation. 11 Cette définition peut être rapprochée de la pratique des arts au Japon et plus particulièrement des arts martiaux en ce sens que l’expérience physique, l’épreuve physique relationnelle dans un espace et un temps partagé est à la base de l’apprentissage. Il se distingue d’un apprentissage purement intellectuel ou spéculatif. Le dojo est un ba en ce sens qu’il l’incarne et en permet l’existence et une manifestation seule à même de mobiliser l’ensemble des moyens des individus soit non seulement ses moyens physiques mais aussi intellectuels, affectifs, intuitifs… en d’autres termes l’ensemble des moyens connus (exprimés, formalisés, recensés) et inconnus (ignorés, inexprimés) des humains engagés dans ce ba, expérience vivante et lieu partagé…
selon les propres termes de Nonaka. A cette dimension interindividuelle s’en ajoute
une collective où des pratiques, des valeurs, des process, une culture, un climat sont
partagées de manière plus ou moins formalisée. Le ba fournit le contexte de
l’extériorisation. Avec les technologies de l’information et de la communication12,
un ba peut fonctionner sur la dimension virtuelle des réseaux où les interactions à
distance combinent tacite et explicite dans des spirales de connaissance13. Enfin, un
ba fournit le contexte approprié pour l’intériorisation des connaissances et il catalyse
la réflexion qui se transforme en action.
L’exercice et la pratique du ba peuvent se traduire de multiples manières. Par
exemple, lors d’une déambulation dans un magasin, les signaux faibles perçus et qui
sont potentiellement indicateurs de comportements des clients, sont ensuite
confrontés puis systématisés et enrichis par combinaison avec des informations et
connaissances explicites et disponibles : des hypothèses sur les marchés, sur les
tendances d’achat ou encore des scénarii du futur14… Le ba est ce qui permet, par
exemple, à des observateurs attentifs15 de prendre les décisions qui s’imposent en
termes d’approvisionnement, de rythmes, de modes de présentation… L’interaction
avec les consommateurs ou usagers peut créer un ba englobant comme nous le
verrons plus avant dans ce rapport. Les relations à l’intérieur d’un ba n’existent pas a
priori, pas plus qu’elles ne sont prédéterminées, solides et claires. La cohérence
interne d’un ba16 se réalise au travers d’interactions organiques et communautaires
fondées sur une vision et un effort de connaissance plutôt que d’une concentration
mécanique conduite par un centre dominant. Les interactions entraînent l’apparition
d’un supra soi (higher self) et des échanges continus favorisent l’affermissement des
relations internes au travers d’une dynamique de production de connaissance. Les
individus forment le ba des équipes qui elles-mêmes constituent celui des
12 Dans le contexte de la gestion et de la création de connaissance, nous préférons la dénomination de technologies de l’interaction (voir www.adit.fr, rapport d’ambassade avril 2002) à celle de technologies de l’information et de la communication. 13 Nonaka & Teece, 2001. 14 La notion d’harmonie est clef pour comprendre le ba. Il s’agit de la capacité en exercice qui permet de partager par l’expérience et la présence globale tout ce qui se passe (manifeste ou latent, explicite ou tacite…) dans un environnement (contexte) à un moment donné. Pour vivre cette harmonie, qui est tout sauf un état stable d’immobilité (sauf dans le cas d’une suprême maîtrise), l’ensemble des capacités de l’individu est mobilisé et avant tout sa sensibilité qui lui procure la vitesse suffisante, voire l’instantanéité, de la perception. Le processus in tellectuel apparaît ici comme trop lent et trop pauvre (trop filtré) dans son orientation de la perception. La pensée de Nonaka est très japonaise. Cette définition du ba renvoie aussi à la pratique du rapport d’étonnement (voir Jean-Pierre Bernat www.stratego.tv). 15 Cette notion d’observateur attentif renvoie non seulement à la figure du samouraï mais aussi aux participants lors d’une cérémonie du thé où la présence totale ici et maintenant manifeste l’harmonie avec l’univers. 16 Le ba est suffisamment imprécis mais orienté de sorte à favoriser l’émergence collective de connaissances nouvelles sur la base de la participation d’individus sans que ceux-ci ne risquent, pour une raison ou une autre, de perdre la face.
Elémentaire mon cher Watson !
Pour illustrer la différence et la complémentarité qui existe entre d’une part la
capture de signaux faibles qui renvoient à une réceptivité floue et sans a priori, à des
savoir-faire tacites, de métier et à des intuitions, et d’autre part la connaissance
rationnelle et explicite, Noboru Konno17 fait référence au ba constitué par le tandem
Holmes - Watson. Etre sensible et perspicace, Sherlok Holmes saisit et traite des
signaux faibles qu’il combine et rend signifiant parce qu’il est créatif et qu’il
procède par induction à l’inverse du déductif Docteur Watson. C’est pourquoi, celui-
ci découvre après coup, et rationalise tel un historien, ce que Holmes lui présente
comme élémentaire mon cher Watson ! Ces deux manières de se comporter ne sont
pas antagonistes mais complémentaires car les préconceptions et les connaissances
de Watson orientent la perception de Holmes, voire induisent cette sensibilité qui le
conduit à l’identification de signes pertinents. Le savoir et l’entendement du Docteur
Watson constituent la toile de fond, les compétences et connaissances préalables,
explicites et accessibles avec lesquelles se combinent de manière créative18 un savoir
tacite non formulé, un sens curieux de l’observation et une disponibilité dépourvue
d’a priori. A travers chaque enquête, le couple Holmes - Watson crée une
communauté stratégique de connaissance (CSC) orientée vers la recherche de la
vérité. Ils y convoquent d’autres acteurs ainsi que tous les indicateurs disponibles qui
leur permettent de progresser vers leur objectif et d’assurer ainsi leur mission de
détectives. Cette communauté orchestrée par Holmes et Watson est orientée
stratégiquement vers le futur immédiat d’une production de connaissance appelée à
remplacer le non-su et à solutionner l’énigme. Une communauté stratégique de
connaissance a pour fonction d’éclairer le présent et l’avenir.
Pour rendre compte de la dimension philosophique du ba, Noboru Konno cite le
film Derzou Ouzala du cinéaste japonais Kuroshawa et qui met en scène la figure
centrale d’un chasseur trappeur vivant en solitaire en Sibérie profonde. La sensibilité
de Derzou aux signaux faibles qui proviennent de son environnement, tout comme
son harmonie avec les conditions et avec les circonstances, font qu’il fait corps (ba)
avec la nature. Pour Nishida, le sujet et l’objet n’existent pas séparément car ils sont les deux cotés d’une réalité unique. Derzou parle et communique avec cet ensemble
naturel dont il n’est qu’un moment, qu’une modalité et dont il ne se sent ni séparé ni
isolé au titre d’entité autonome, détachée et autosuffisante. S’il lui faut mourir, il
meurt et reste ainsi en accord avec ce que les conditions de l’environnement
17 Entretien avec l’auteur, février 2002. 18 Nonaka parle de conversion.
commandent. En revanche, tant qu’il lui reste la plus petite once d’énergie, il
demeure actif sans se distinguer de ce qui l’entoure et auquel il participe19. Derzou
Ouzala ne force pas les événements, il se fond dans la vie de l’ensemble et il trouve
les meilleures solutions en fonction des couples actions (lui-même) - réactions
(l’environnement)20 au sein d’une relation, d’un milieu englobant et évolutif (ba). En
marchant, il reçoit la réaction du sol, il ne s’y enfonce pas car le sol fait partie de son
mouvement au sein d’une unité d’interdépendance complémentaire21. Ce
comportement environnemental et relationnel se fonde sur la communauté qu’il
partage. Derzou Ouzala n’est jamais seul ni coupé du monde tel un personnage
agissant de l’extérieur sur un contexte. L’énergie qui anime la nature est la même que
celle qui le traverse et le fait vivre dans un ba englobant situé dans la conscience
présente, à la jonction du passé et du futur immédiat. Ce n’est pas lui qui veut mais la
communauté qu’il forme avec la nature22.
Sur un registre similaire, le film Ivre de femmes et de peinture23 du Sud-Coréen
Im Know-taek, qui retrace des épisodes de la vie du peintre Ohwon - Jang Seung-Up,
rend compte de cette relation intime qui unit les êtres par delà les formes et les
existences. Tout au long des différentes scènes, l’artiste Ohwon s’imprègne de
l’énergie en œuvre dans les flots d’un fleuve, l’agitation d’une frondaison, une nuée
de passereaux, la neige sourde d’un paysage… jusqu’au moment où il disparaît
symboliquement de lui-même dans le brasier du four d’un céramiste ! Il n’y a guère
de disparité entre son art et le travail de la nature, la réussite de ses œuvres est
manifeste lorsqu’elles retracent ou expriment le flux des transformations24. En
d’autres termes, c’est parce qu’il résonne avec elles qu’il est capable de les laisser
transparaître comme en écho dans ses œuvres. Le vin et la passion représentent le
moyen de dissoudre les limites de l’individualité du peintre, de les rendre poreuses
afin qu’il réalise un niveau de sensibilité et de conscience (higher self) qui l’ouvre à
une communion intime avec cette réalité supérieure Sa créativité repose sur cette
aptitude à faire corps avec l’ensemble en vibrant avec les forces qui le sous-tendent.
Par son exposition aux forces de la nature, Ohwon s’attache à en éveiller des
modalités identiques en lui-même puis les traduit sur le papier. Cela constitue
l’essence de son travail et ainsi l’artiste n’agit pas de sa seule volonté propre mais en
accord avec un contexte dont il est partie.
19 Le samouraï expérimenté ne pense ni à la victoire ni à la défaite, il se contente de se battre comme un fou jusqu’à la mort. Mishima in Hagakuré voir bibliographie. 20 Il faut rendre notre esprit semblable à l’eau qui prend la forme des récipients qui la contiennent. Miyamoto Musashi, Gorin-no-so, voir bibliographie. 21 Noboru Konno applique cette image à la relation d’une entreprise avec son marché. 22 Même remarque que note supra. 23 Dont le titre original est Chiwaseon (2001). 24 Nous retrouvons là l’empreinte du grand classique chinois : Le livre des changements (Yi Jing).
Si l’on transpose cela à l’entreprise, c’est parce qu’elle est en phase avec le
marché au point de ne pas s’en distinguer, de ne pas s’en couper en se considérant
comme extérieure, qu’elle bénéficie de son énergie et demeure dans la satisfaction
des besoins. A l’inverse, la distinction localisée est non seulement facteur de lenteur
dans la relation, mais elle signifie en outre la non-mobilisation et l’absence du
bénéfice de l’énergie et de l’intelligence tacite contenus dans un contexte englobant.
Une certaine indifférenciation permet de se maintenir en disponibilité flexible et
orientée par rapport aux signes susceptibles de se transformer en information puis en
connaissance25 dans l’athanor communautaire du ba. L’attitude et les dispositions des
acteurs sont pour beaucoup dans la nature des “réactions” de l’environnement.
Lorsque l’on crée quelque chose, on contribue énergiquement à son existence, la
perception de ce qui est autour diminue sous l’effet d’une focalisation plus ou moins
exclusive. C’est pourquoi, en marge d’un effort de veille orienté, de la précision
rationnelle et des bases de données, l’espace de l’indifférenciation et de la sensibilité
doit jouer tout son rôle pour ne pas limiter la perception des possibles. Avoir une idée, c’est déjà faire un choix, avoir un parti pris, et donc de laisser dans l’ombre une partie de la réalité : développer une pensée partielle et par conséquent partiale (…) le sage n’a pas de règles, pas de principes, il est prêt à faire l’un aussi bien que l’autre selon le moment. Il a une capacité d’opportunisme à bon escient et fait ce que requiert la situation26. Pour Noboru Konno, il en va de même pour l’échec auquel on
s’invite en y pensant ! L’environnement n’est infernal que dans la mesure où l’enfer est en vous, alors vous en faites partie. Le parti pris d’une attitude disponible,
ouverte et sans a priori, participe des conditions d’une réceptivité riche.
Le cycle des transformations étant sans fin, le temps ne peut pas plus être arrêté
que l’eau de la rivière par la main. Il en va de même pour l’information dont la
valeur stratégique se situe plus dans le flux et le “en devenir” que dans le stock
arrêté. En lagardant sous clef, vous vous empoisonnez à la manière d’un cancer qui se développe. Il ne faut pas se tuer soi-même en gardant l’information27. Non
seulement il est vain de prétendre la retenir, de l’empêcher de s’écouler et de
s’échanger28, mais en sus c’est objectivement se condamner à une perception
25 Les données ont un caractère objectif et mesurable, lorsqu’elles sont sélectionnées en fonction d’une intention elles se transforment en information, mais c’est l’expérience et le contexte qui en fait de la connaissance (co-naissance). Sur cette différence qualitative entre données, information et connaissance, voir Thomas Davenport & Laurence Prusak, Information Ecology. Cf. bibliographie. 26 Interview de François Jullien parlant de Confucius, « Sciences Humaines n° 125, Mars 2002. Pour aller plus loin sur ce sujet, voir Un sage est sans idée ou l’Autre de la philosophie, Le Seuil, 1998 par François Jullien. 27 Noboru Konno, entretien avec l’auteur, février 2002. 28 On ne soulignera jamais assez que l’information ne se dégrade pas avec l’échange mais au contraire vit et se transforme. C’est en ce sens que les chefs d’entreprise du réseau Thésée affirment que c’est la communication qui fait vivre l’information.
limitée29. La philosophie du ba est en rupture avec une idée de création de
connaissance hors sol et hors contexte, de manière individuelle, autonome et en
dehors d’interactions humaines. Il s’agit au contraire d’un processus dynamique et
ouvert qui dépasse les limites de l’individu ou de l’entreprise et qui se concrétise au
travers d’une plate-forme où l’on use d’un même langage commun au service
d’objectifs communautaires et rassembleurs dans une synthèse supérieure. Cet
espace en partage institué sur un front de connaissance utile fonctionne à la ressource
humaine que les technologies de l’information et de la communication prolongent et
optimisent. Fluide et sans frontières, le ba se modifie en fonction de ceux qui y
participent, il ne s’attache pas exclusivement à l’histoire et aux limites spatiales
d’une organisation mais est gouverné par la notion de projet. De ce fait, c’est
l’organisation même de l’entreprise qui est appelée à se transformer. La société informationnelle est une forme d’organisation où la création, le traitement et la transmission de l’information deviennent les sources de la productivité et du savoir à travers l’application des technologies de l’information et de la communication à la création, au traitement et à la transmission de l’information dans des boucles de rétroaction cumulatives30.Le programme Human Health Care du Groupe Eisai
Pour le groupe pharmaceutique Eisai31, la création du savoir est hissée au niveau
d’une véritable philosophie de management qui l’a conduit à s’interroger sur sa
raison d’être en temps qu’entreprise et à redéfinir stratégiquement sa mission. En se
fixant comme boussole les valeurs de son programme Human Health Care (HHC –
Soin et Santé Humaine), Eisai mobilise plus que son seul potentiel. Il s’inscrit au
service du projet global soins et santé des personnes et il s’associe à elles dans le
cadre d’un ba générateur de connaissance nouvelle. Le programme HHC devient le
chef d’orchestre d’une communauté stratégique de connaissance qui fond dans une
synergie d’effort coopératif à la fois le groupe et les malades.
Eisai considère que les connaissances et les compétences scientifiques, médicales
et industrielles dont il dispose en propre sont “partielles” par rapport à la nécessité et
à la raison d’être supérieure soins et santé pour la société dans son ensemble,
assimilée ici à un environnement englobant. Pour assumer pleinement cette mission,
d’autres formes de connaissances et de compétences lui sont indispensables et celles-
29 Si la tasse n’est pas correctement vidée, elle ne peut recevoir du thé, dit un proverbe zen. 30 Manuel Castells, La société en réseau, 1998, voir bibliographie. 31 L’un des médicaments phare d’Eisai est l’Aricept qui traite les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
ci se trouvent… chez les patients et dans leur contexte soignant et familial !
L’appréciation qu’ont les malades (et leurs proches) de leurs affections représente
une source de connaissance essentielle dont la mise en relation avec les compétences
et les fronts de recherche d’Eisai est stratégique. La connaissance que les patients ont
de leur maladie s’enracine dans leur vécu quotidien, dans leurs rythmes, leurs
difficultés et leurs observations personnelles. Hautaine, souveraine, coupée et
exclusive, la compétence scientifique est insuffisante à la réalisation de la mission
dans des conditions supérieures de rapidité et de synergie. Une distinction qui
spécifie et isole d’une part les espaces et les temps de la considération de la maladie
sur le terrain, et d’autre part ceux de la recherche ralentit les transactions si l’on peut
dire. Pour composer et s’articuler avec l’énergie de la demande, la recherche
scientifique à Eisai se situe au plus près des patients et de leurs lieux de soin. De
cette interaction créative naît la connaissance de ce qui est nécessaire et de son
comment faire. C’est ainsi que les chercheurs du groupe ne privatisent plus des
besoins en s’en accaparant de manière exclusive au nom d’une hyper compétence
indiscutable, mais ils contribuent à des solutions au sein d’un mouvement
d’ensemble dont la boussole est représentée par les valeurs Human Health Care. Sur
la base de leurs compétences et connaissances, ils partagent un effort commun avec
les malades plutôt que de se focaliser exclusivement sur la maladie.
Cette connaissance qu’ont les patients, leurs familles et les différents acteurs de
leur environnement est de nature souvent tacite et individuelle, silencieuse et non
formulée. La création de conditions favorables à l’extériorisation de celle-ci passe
par l’établissement d’un ba, d’une communauté stratégique de connaissance qui unit
les connaissances locales ou partielles autant d’Eisai que des malades dans un même
effort global. Ici intervient la méthode SECI où l’empathie participe de la phase
initiale où s’extériorise la connaissance tacite dans un climat de confiance sans que
pour autant elle se traduise déjà sous la forme d’un savoir formulé, validé et
organisé. Au moyen d’une attention authentique et au travers de soins effectifs et
pratiques donnés en situation réelle32 par les personnels d’Eisai, les conditions sont
créées que cette connaissance tacite affleure dans son environnement propre. Dans
cette relation, les personnels d’Eisai perçoivent par leurs sens les rythmes, les
difficultés, les appréhensions des malades à l’image de la communication hara vers
hara de l’enseignement des maîtres au Japon33. We are Ladies and Gentlemen
32 Dans ce groupe pharmaceutique, diverses formules existent pour permettre aux personnels de s’impliquer dans des soins effectifs dans des centres de soins. En général, il s’agit de sessions qui peuvent durer une semaine. 33 Considéré comme le centre vital de l’individu, le hara se situe à doigt doigts au-dessous du nombril. Traditionnellement dans la culture japonaise, la transmission du savoir et plus généralement l’enseignement limite drastiquement le temps consacré aux explications. L’apprenant doit par lui-même et en s’appuyant sur le contexte, donner sens à ce qu’il voit et qu’il perçoit afin de l’intégrer (co-naissance).
serving other Ladies and Gentlement, professe-t-on à Eisai. Pour entretenir la
philosophie HHC, un système de récompenses très élaboré et très ritualisé
récompense tous les ans ceux qui contribuent notablement à l’amélioration des
connaissances et des performances du groupe quels que soient leurs secteurs
d’appartenance. L’échange, l’écoute et la fertilisation croisée entre les départements
du groupe est une pratique encouragée tout comme la confrontation quant aux
manières de voir et de travailler. La viscosité des flux d’information entre les
différents départements est combattue. Les contacts et relations que les personnels
entretiennent avec l’extérieur du groupe font l’objet de fiches qui circulent en
interne. Elles renseignent des bases de données directement accessibles dans
l’intranet et toute personne qui consulte une information peut lui attribuer un point en
fonction de l’évaluation qu’elle en fait. Ce mouvement permanent de recherche en
faveur de la création de connaissance se traduit aussi dans des formations internes
transversales et des opérations de benchmarking avec les entreprises qui excellent
dans la satisfaction du client. La comparaison avec les meilleurs est source
Toute communauté stratégique de connaissance fonctionne sur la base du don qui
entraîne l’existence de cercles vertueux d’échange systématique d’information. Il ne
s’agit en aucun cas d’une sorte de trou noir qui fige une dynamique, l’absorbe et dont
plus rien ne sort. L’amélioration, la diffusion et la création de connaissance qui
émergent de ces pratiques se traduisent dans la vie des acteurs qui y participent par
une augmentation de la liberté d’action de chacun. Pour aider les médecins à
améliorer leur travail, le groupe Eisai organise des sessions de formation et gère un
centre d’appel gratuit ouvert trois cent soixante cinq jours par an34 ! Les patients
atteints par la maladie d’Alzheimer disposent d’une home page accessible au Japon.
A l’initiative d’Eisai, un cycle de conférences publiques est organisé sur cette
maladie dégénérative ainsi qu’une participation active lors de la journée annuelle qui
lui est consacrée. Ces pratiques contribuent à la création et à l’entretien d’un ba qui
rassemble tous ceux qui, à un titre ou un autre, sont concernés par le sujet et par
l’amélioration des connaissances et des soins afférents qu’ils appartiennent ou non à
Eisai35. Les demandes de renseignements sont précieuses et font l’objet d’un
traitement particulier tout comme les opinions, avis et commentaires des patients et
des personnels soignant. Les questions sans réponses tout comme les difficultés de
diagnostic sont d’une importance cruciale en ce qu’ils renseignent sur les fronts de
connaissance. Les approches sont systématiquement détaillées et les informations
C’est en ce sens que l’on dit que l’enseignement se fait directement, silencieusement, par l’exemple et de hara à hara, du centre vital du maître (sensei) à celui du disciple. 34 Au Japon, ce centre reçoit en moyenne une centaine d’appels par jour. 35 Par exemple le concurrent et géant Pfizer !
sont partagées à travers un management par projet où l’interaction entre parties
prenantes est essentielle. Cette circulation se poursuit jusqu’à atteindre des étapes
qualitatives ou cognitives nouvelles et les technologies de l’information et de la
communication optimisent le traitement et la mise à disposition de ces informations.
Dans le cas concret de la peur des patients à l’égard de l’endoscopie, Eisai
appliqua le schéma à quatre étapes de Ikujiro Nonaka (SECI). La phase de
socialisation (1) du savoir tacite se réalisa entre les médecins, les chercheurs et les
psychologues concernés au moyen d’un questionnaire qui circula entre eux pour faire
le point sur l’état de leurs connaissances, de leurs questions et de leurs hypothèses.
L’extériorisation (2) de ce savoir permit l’élaboration d’un second questionnaire,
cette fois ci à destination des patients. Il s’accompagna de séances de sensibilisation
et de l’édition d’une brochure explicative sur la nature, les conditions, l’objet et
l’importance de l’endoscopie. De ce fait, un acte localisé et plutôt mal vécu par les
patients, prenait sens par rapport à la dimension globale du diagnostic et du
traitement. La connaissance des malades en fut enrichie. Les résultats de ces deux
questionnaires furent ensuite combinés (3) et analysés, et les conclusions furent
communiquées lors de nouvelles sessions de formations. La phase d’intériorisation
(4) améliora la connaissance des médecins mais aussi des patients sur l’intérêt et la
nécessité de l’endoscopie en “fluidifiant” son usage. Ce processus contribua à
assouplir les réticences mais aussi permit de développer la connaissance des
appréhensions des patients du fait de leur expression et de leur considération. Des
craintes furent levées au vu des avantages bien compris du recours à l’endoscopie !
Ce mouvement de connaissance transforma les acteurs impliqués et autant les
patients que les médecins et les scientifiques qui en bénéficièrent tous.
La prise en compte du savoir tacite des médecins et des scientifiques, son
expression et sa mise en culture collective ont créé les conditions de la révélation des
peurs et des non-connaissances des patients. La disponibilité d’experts qui ne se
considèrent pas comme des détenteurs exclusifs et privatifs d’une connaissance
exercée du haut du magistère souverain et isolé de leur compétence, a mis en
confiance les patients et permit des améliorations qualitatives. Dans ce cas précis, le
processus de création de connaissance résulte d’une relation dialectique. Les
médecins ont évalué les raisons de la peur de l’endoscopie avec les malades et c’est
avec eux qu’ils ont trouvé une méthode satisfaisante. Dans ce ba, la distinction entre
sujet et objet disparaît dans un mouvement informationnel orienté vers la recherche
communautaire d’une solution. A l’origine la connaissance explicite et utile et était
absente mais en partageant le questionnement et en appliquant la méthode SECI, des
éléments de savoir tacite et épars se sont exprimés, socialisés, échangés et combinés
pour générer une connaissance opérationnelle. La justesse du mouvement a créé la
connaissance. Le programme HHC produit les conditions d’une véritable harmonie
opérationnelle dans le sens donné par John Boyd36. Partageant la vision et le projet,
chaque agent dispose d’une marge de manœuvre décisionnelle qui lui permet d’agir
en fonction des informations qu’il capte, qu’il traite et qu’il transmet. A Eisai, la
philosophie et les valeurs HHC jouent un rôle de boussole, de référence et de
système d’évaluation pour l’ensemble des personnels dans leur propre management
tout comme dans leurs activités relationnelles à l’intérieur et à l’extérieur du groupe.
Elles se veulent un liant dynamique qui polarise les énergies dans une direction
commune et qui donne sens (global) à l’action de chacun (local) devenu à même de
mesurer sa propre performance mais aussi celle des autres à l’étalon des valeurs
Conclusion provisoire
Le mode de fonctionnement en communauté stratégique de connaissance tend à
détendre, voire à dissoudre les limites physiques de l’organisation au profit de projets
collaboratifs où entrent en synergie d’autres acteurs, compétences et sources
d’information sur un front de création de connaissance opérationnelle. Cette porosité
dynamique de l’entreprise apparaît comme une condition à une agilité stratégique37
dans le monde imprévisible et hautement compétitif de la société de la connaissance.
Dès lors, la dimension temporelle et le rythme l’emportent sur un mode de
fonctionnement spatial lent en termes de flux et de traitement, en sus limité au niveau
du spectre de la mobilisation de ressources disponibles en interne. La différenciation
des espaces et leur fermeture relative à l’altérité tendent à les enfermer sur la seule
prise en compte des valeurs d’un fonctionnement local spécialisé : de recherche, de
marketing, de gestion des stocks, de soins… au détriment d’une mission globale
(sociale) qui fait sens et entraîne dans une dynamique d’échange créative. Le
principe de communauté se déploie au-delà de l’organisation et polarise des énergies
au sein d’un milieu favorable, d’une atmosphère de questionnement vécue comme
une tension de connaissance. Cette communauté est stratégique en ce qu’elle se
structure et s’articule sur la base d’un projet. Les principes clefs38 de la stratégie, soit
la recherche de la liberté d’action et l’optimisation des moyens disponibles par le
36 Voir David Faddok, La paralysie stratégique par la puissance aérienne. John Boyd et John Warden, ainsi que l’excellent site web : www.belisarius.com 37 Voir John Boyd et note mentionnée plus haut. Par définition, l’agilité opérationnelle et stratégique s’oppose à la paralysie, impropre à toute adaptation rapide et créative autant en situation de danger que par rapport à une opportunité. L’agilité résulte de la mise en économie des moyens pour en optimiser l’usage au service de la création de connaissance. 38 Voir La maîtrise de l’interaction. L’information et la communication dans la stratégie, cf. bibliographie.
principe d’économie y sont pleinement applicables. Les gains en marge de manœuvre
se traduisent autant au niveau local que global du fait de la collaboration des acteurs.
Dans la société informationnelle ouverte, où selon les termes de Manuel Castells39,
l’information est à la fois la matière première, l’agent de transformation et le
produit final, le concept japonais de ba a le mérite et l’avantage de désigner des
conditions humaines, organisationnelles et relationnelles dans le cadre duquel les
technologies de l’information et de la communication s’insèrent de manière
dynamique. Il reste maintenant à éprouver le concept de communauté stratégique de
connaissance à travers des études de cas existants mais aussi de poursuivre des
expérimentations qui permettront à terme d’affiner des méthodes applicables dans les
organisations dans des contextes culturels non japonais.
39 Voir La société en réseaux. Cf. bibliographie.
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