Y A-T-IL ENCORE UNE VIE SEXUELLE APRÈS TRAITEMENT POUR CANCER DE LA PROSTATE ? B. TomBal 1, R.J. opsomeR 1, l. RenaRd 2 Résumé
Le cancer de la prostate est le cancer le plus fréquent de l’homme
âgé de plus de 50 ans. Malgré que plus de la moitié des cancers dia-
Cliniques universitaires Saint Luc
gnostiqués aujourd’hui soient peu agressifs, la plupart des patients
vont bénéficier d’un traitement par chirurgie, radiothérapie ou
curiethérapie. La position anatomique et la fonction sécrétoire de la
prostate en font un organe important pour la sexualité de l’homme.
Dans les stades précoces, le cancer de la prostate est généralement
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asymptomatique et influence peu la fonction sexuelle de l’homme.
Par contre, les traitements du cancer de la prostate, invariable-
ment, vont altérer la fonction sexuelle, en particulier la qualité des
érections. Les techniques de préservation de la sexualité et les trai-
tements de la dysfonction érectile ne sont malheureusement que
d’une efficacité limitée. La seule parade aux troubles de la sexualité
est une sélection très adéquate et prudente des patients qui nécessi-
La prostate est une glande sexuelle accessoire mâle d’une vingtai-
ne de cm3 située à la base de la vessie et qui entoure en manchon les premiers centimètres de l’urètre (fig. 1). La prostate sécrète avec les
1 Service d’Urologie, Cliniques universitaires
2 Service de Radiothérapie oncologique, Cliniques
Y a-t-il encore une vie sexuelle après traitement pour cancer de la prostate ?
vésicules séminales la plus grande partie du liqui-
en incidence les cancers du poumon et du colon.
de prostatique constituant le sperme. La prostate
Cette augmentation de l’incidence est en grande
est richement innervée par des plexus pelviens
partie liée à l’introduction du dosage de l’Anti-
qui sont intimement impliqués dans l’érection. La
gène Prostatique Spécifique (PSA) et de son utili-
prostate apparaît chez le fœtus suite à la sécrétion
sation extensive dans le dépistage et la détection
d’androgènes, le principal étant la testostérone.
précoce du cancer de la prostate. Aujourd’hui, on
La testostérone est également responsable du
découvre un cancer de la prostate chez plus de
développement de la prostate à l’adolescence, et,
un homme sur vingt (1). Avant la découverte du
tout au long de la vie, au maintien de la fonction
PSA, les tumeurs étaient le plus souvent diagnos-
tiquées au stade métastatique. La survie moyenne
des patients ne dépassait pas quelques années,
Chez l’homme adulte, la prostate est le siège
voire quelques mois et les effets secondaires des
traitements n’étaient certainement pas la préoccu-
pation première des thérapeutes. Depuis l’intro-
– L’hyperplasie bénigne de la prostate (HBP) est une
duction du PSA, les cancers prostatiques sont dia-
augmentation bénigne de la zone centrale de la
gnostiqués à des stades beaucoup plus précoces.
prostate qui survient chez la plupart des hom-
La survie des patients après traitement est de plu-
mes après 40 ans. L’HBP peut éventuellement
sieurs années, voire de plusieurs dizaines d’an-
comprimer l’urètre, entraver le flux urinaire
nées pour les cas favorables (2). C’est donc natu-
et finalement entraîner des symptômes assez
rellement qu’au-delà de la survie, les urologues
gênants. Il n’y a pas de relation directe entre la
et radiothérapeutes pensent aussi aujourd’hui en
taille de l’adénome, la fréquence et l’intensité
terme de qualité de vie. La prostate étant intrin-
des symptômes. Les patients asymptomati-
sèquement impliquée dans la fonction sexuelle
ques ne nécessitent pas de traitement.
et anatomiquement contiguë aux organes qui
assurent la continence, tout traitement physique
– Prostatite aiguë et chronique. La prostatite aiguë
entraînera inévitablement des complications uri-
est une inflammation bactérienne aiguë de la
naires et sexuelles. En effet, à l’inverse de cancers
prostate. C’est une urgence médicale, surtout
tels que le poumon ou le colon qui sont facilement
si elle est associée à de la fièvre. La prostatite
identifiables, le cancer prostatique infiltre diffusé-
chronique est une inflammation chronique de
ment la prostate. Il n’est donc pas possible de trai-
la prostate responsable de symptômes urolo-
ter sélectivement le cancer, mais bien l’ensemble
giques divers. Les causes exactes ne sont pas
de la prostate. Il est d’ailleurs intéressant de noter
connues. C’est une maladie fréquente et inva-
à cet égard que les patients associent souvent les
complications sexuelles uniquement à la chirur-
gie prostatique et pensent, à tort, qu’ils pourront
– Le cancer de la prostate est une maladie très
éviter ces complications aussi longtemps qu’ils
fréquente qui atteint les cellules épithéliales
de la glande. On distingue trois étapes dans tout cancer: transformation de cellules norma-les en cellules malignes, croissance locale des cellules malignes, et finalement dissémination
PROSTATECTOMIE RADICALE
locale et métastatique, entraînant le décès du
TOTALE ET SEXUALITÉ
patient. Ces deux premières étapes survien-nent très fréquemment, chez plus de 30% des
La prostatectomie radicale totale est considé-
hommes. Si on fait des biopsies systématiques,
rée comme le traitement chirurgical de choix des
on trouve donc des cancers très fréquemment.
cancers localisés. L’intervention consiste à enlever
Par contre, l’étape finale de dissémination ne
la prostate, l’urètre prostatique et les vésicules
survient que plus rarement et très tardivement
séminales et abaisser directement la vessie sur
l’urètre à son insertion dans le plancher pelvien.
La prostatectomie est traditionnellement associée
à des problèmes transitoires de continence uri-
naire et de fonction sexuelle. La prostatectomie
ÉPIDÉMIOLOGIE, HISTOIRE
peut être réalisée par une incision abdominale
NATURELLE ET TRAITEMENT
classique, par laparoscopie ou à l’aide d’un robot.
DU CANCER DE LA PROSTATE
Il n’y a aucune indication que la fréquence des
complications varie en fonction des techniques.
Le cancer de la prostate est le cancer le plus
Dans le discours du médecin, en particulier de
fréquent chez l’homme, devançant aujourd’hui
l’urologue, le problème sexuel principal associé à
2006 ; 125, 10 : S452-458
la prostatectomie est la perte des érections, liée à
de l’érection après prostatectomie radicale totale
l’extrême contigüité des plexus neurovasculaires
qui innervent les corps caverneux. Si les problè-mes d’érections sont réels et importants, il ne faut
L’introduction du dosage du PSA a eu deux
surtout pas oublier les points suivants : toute la
conséquences. Le nombre de cancer détecté a
prostate et les vésicules séminales étant ôtées, il
augmenté de manière très importante, cette aug-
n’y a plus de production de sperme, même lors-
mentation se produisant essentiellement aux
que les rapports sexuels sont encore possibles. Les
dépens de formes très localisées de cancer de la
canaux déférents sont sectionnés à la base prosta-
prostate, souvent impalpables au toucher rectal.
tique, le patient sera définitivement stérile. Il faut
Chirurgicalement, il est devenu envisageable chez
mentionner ces effets secondaires aux patients
la plupart des patients d’enlever la prostate sans
surtout lorsqu’ils sont jeunes et potentiellement
trop compromettre l’intégrité anatomique et la
candidats à une paternité tardive. Par contre, l’or-
fonction des bandelettes vasculo-nerveuses. Les
gasme est souvent préservé après la PRT, il peut
techniques dites de « préservation nerveuse »
d’ailleurs être obtenu même sans érection, par des
permettent de préserver la fonction sexuelle des
patients dans un nombre élevé de cas. En fonc-tion de l’âge des patients et de l’expérience du
L’âge moyen des patients traités par prosta-
chirurgien, on estime que les érections sont main-
tectomie varie, selon les séries, de 59 à 68 ans.
tenues dans 13% à 56% des prostatectomies avec
Ces mêmes séries rapportent des troubles de la
préservation vasculo-nerveuse unilatérale et dans
fonction sexuelle chez 16% à 57% en fonction
31% à 86% des cas avec préservation bilatérale
du questionnaire utilisé. Au moins une étude
(5). A noter que dans la plupart de ces séries,
prospective randomisée a intégré la mesure de la
plus de 30% des bons résultats sont liés à la prise
qualité de vie chez des patients traités par pros-
d’inhibiteurs de la phophodiestérase (I-PDE5).
tatectomie en la comparant à la fonction sexuelle
Sildénafil, vardénafil et tadalafil sont en effet
de patients simplement surveillés (3). Cet essai
prescrits couramment en cas de dysfonction érec-
s’adressait néanmoins à des patients atteints d’un
tile postopératoire. Les résultats dans ce cas sont
cancer plus avancé que les cancers diagnostiqués
pourtant souvent inférieurs à ceux observés dans
à l’heure actuelle (> 75% de tumeurs palpables),
d’autres causes de dysfonction érectile. Dans une
à une époque où la préservation des bandelettes
revue récente de la littérature, Montorsi estime
vasculo-nerveuses n’était pas une préoccupation
la probabilité de réponse au sildénafil chez les
majeure du chirurgien. Les auteurs ont mesuré
patients présentant une dysfonction érectile après
la qualité de vie des patients un à deux ans après
prostatectomie à 35%. Cet effet est directement lié
leur inclusion dans l’étude et confirment l’effet
au degré de préservation des pédicules vasculo-
de la chirurgie (4) (tableau I). Dans une revue
nerveux et varie de 0% à 15% en l’absence de
récente de la littérature, Y. Dubbelman et al. ont
préservation à 46% à 72% en cas de préservation
estimé que seuls 19% (range: 11-40%) des patients
bilatérale. Par ailleurs, il est important de men-
gardent une fonction sexuelle normale après pros-
tionner aux patients après prostatectomie que le
tatectomie radicale (5). En l’absence de sélection
retour à une fonction sexuelle normale ne sera
des patients, les résultats globaux sur le maintien
que progressif. Une amélioration spontanée peut
Effets de la prostatectomie radicale sur la fonction sexuelle.
Paramètres analysés Prostatectomie radicale Surveillance et traitement différé
Y a-t-il encore une vie sexuelle après traitement pour cancer de la prostate ?
être observée la première année, voire jusqu’à
rapporté des pourcentages de fonction sexuelle
normale de plus de 90% chez des jeunes patients.
Une des questions importantes est : quand faut-
Ces assertions se doivent d’être corrigées. La
il commencer à prescrire les I-PDE5 ? L’absence
fonction érectile est en effet certainement meilleure
d’érections postopératoires est associée à un man-
dans les premiers mois après une radiothéra-
que d’oxygénation des corps caverneux, ce qui
pie externe ou une curiethérapie qu’elle ne l’est
peut accélérer le développement d’une fibrose
immédiatement après une prostatectomie radicale.
caverneuse irréversible. Montorsi a démontré que
Mais rapidement, ces différences s’effacent. Après
la prescription d’injections intra-caverneuses d’al-
douze à vingt-quatre mois, les taux de dysfonc-
prostadil rapidement après une prostatectomie
tions érectiles rapportés dans la littérature varient
avec préservation bilatérale accélérait la reprise
de 6 à 84% après radiothérapie et de 0 à 51% après
des érections (6). Le même raisonnement a été
curiethérapie (9). En 2005, Ohebshalom a rapporté
tenu plus récemment avec les I-PDE5 et quelques
les résultats d’une enquête sur la fonction sexuelle,
études ont évalué l’avantage d’une prescription
mesurée par questionnaire validé, chez 110 patients
systématique de sildénafil rapidement après la
traités par radiothérapie conformationnelle ou par
PRT. Malheureusement, ces études n’ont pas pu
brachythérapie. Après traitement systématique par
confirmer l’avantage de cette « réhabilitation érec-
tile » précoce sur les résultats finaux et à l’heure
sildénafil, le pourcentage de patients avec une
actuelle, il n’y a pas de raison de prescrire ces
fonction sexuelle normale était pour la curiethéra-
agents préventivement en absence de demande
pie de 60% à 12 mois, 48% à 24 mois et 26% à 36
expresse des patients d’avoir un rapport sexuel
mois (10). Pour la radiothérapie conformationnelle,
(7). Tout au plus peut-on leur conseiller d’essayer
les résultats étaient de 50% à 12 mois, 42% à 24
rapidement de reprendre une activité sexuelle.
Plusieurs études ont comparé la fonction
sexuelle deux à cinq ans après les différentes
RADIOTHÉRAPIE, CURIETHÉRAPIE
modalités thérapeutiques. Sur base d’une revue
ET SEXUALITÉ
extensive d’études randomisées, Bhatnagar a esti-mé le risque de dysfonction érectile sévère de
La radiothérapie externe est un des traitements
35% après chirurgie, de 45% après radiothérapie
de choix des cancers localisés de la prostate. En
externe conventionnelle et de 52% après radio-
association avec une hormonothérapie de trois
thérapie conformationnelle (3D) (11). Miller et
mois à six ans, c’est aussi le traitement de référence
al. ont publié en 2005 les résultats d’une enquête
des cancers localisés à haut risque (PSA > 20 ng/
approfondie réalisée chez 709 patients deux et
ml et/ou Gleason ≥ 8) et des cancers localement
six ans après une prostatectomie, une radiothé-
avancés (stade T3-T4). Aujourd’hui grâce à des
rapie conformationnelle ou une curiethérapie de
systèmes de repérage et de dosimétrie précis, la
prostate, en plus d’un groupe contrôle (tableau
radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle
II) (12). En 2004, Potosky et al. ont rapporté sur la
(3D) permet un ciblage très précis de la prostate,
qualité de vie après cinq ans de 901 patients traités
réduisant ainsi la dose administrée aux tissus sains
avoisinants, en particulier la vessie et le rectum.
par prostatectomie radicale et 286 patients traités
La curiethérapie (ou brachythérapie) consiste en
par radiothérapie externe. Après cinq ans, 79.3%
l’implantation de grains radioactifs d’Iode-125 ou
des patients opérés et 63.5% des patients traités
de Palladium-103 dans la prostate. C’est un trai-
par radiothérapie mentionnaient des érections de
tement peu agressif pour les patients, qui peut se
qualités insuffisantes (13). A noter que 46.7% des
réaliser lors d’une très courte hospitalisation de
patients opérés et 44.6 % des patients irradiés se
un ou deux jours. Dans des populations sélectionnées
disaient gênés par leurs problèmes sexuels.
d’agressivité faible ou intermédiaire, les résultats sont
comparables à ceux de la prostatectomie radicale et
Cette étude confirme la détérioration tardive
de la radiothérapie externe, en tous les cas pour les
de la fonction sexuelle chez les patients traités par
radiothérapie conformationnelle ou curiethéra-pie. Si les premiers mois sont donc favorables en
Il est très intéressant de noter que la perception
terme de fonction érectile pour les patients traités
des thérapeutes et aussi des patients est que ces
par radiothérapie ou curiethérapie, les différences
traitements sont associés à un meilleur contrôle
avec la chirurgie s’amendent après 3-5 ans. Ceci
de la continence et de la fonction sexuelle, en par-
est à prendre en compte lors de la discussion avec
ticulier pour la curiethérapie. Certains auteurs ont
2006 ; 125, 10 : S452-458
Evolution de la fonction érectile deux et six ans après un traitement radical pour cancer de la prostate
Prostatectomie Symptômes Radiothérapie Curiethérapie contrôle radicale Pourcentage des patients HIGH INTENSITY FOCUSED
les prostatiques normales, des cellules cancéreu-
ULTRASOUND
ses prostatiques et des métastases. La testostérone étant l’hormone mâle la plus importante, la cas-
L’augmentation croissante de l’incidence de
tration induit également une série de phénomè-
cancers diagnostiqués à des stades très localisés
nes de féminisation plus ou moins intenses. Parmi
a favorisé le développement de techniques dites
ceux-ci, la baisse abrupte de la libido, la diminu-
« minimally invasive ». Ces techniques connaissent
tion de la production de sperme et la difficulté à
un succès croissant parmi les patients qui y voient
maintenir des érections sont les effets secondaires
une modalité thérapeutique inoffensive qui va leur
sexuels principaux (15). D’autres effets tels que
permettre d’éviter les affres des traitements classi-
bouffées de chaleurs, faiblesse musculaire, fati-
ques. Poissonnier a récemment publié les résultats
gue et labilité émotionnelle viennent compléter le
obtenus par la technique HIFU chez 227 patients
tableau clinique. Il y a très peu, voire pas, d’étude
consécutifs (14). Les auteurs rapportent que 39%
d’intervention thérapeutique par I-PDE5 ou injec-
des patients traités par une procédure sans préser-
tions intracaverneuses chez les patients traités par
vation des bandelettes vasculo-nerveuse avaient
hormonothérapie, le tableau étant dominé par la
noté une disparition complète des érections. Les
baisse de la libido et le manque d’intérêt dans l’ac-
techniques d’épargne nerveuse sont envisageables
tivité sexuelle. Ces effets secondaires sont a priori
chez une faible proportion (10%) des patients.
réversibles à l’arrêt de la médication. Mais chez
Dans ce cas, 69% avait maintenu leurs érections.
les patients qui sont traités par hormonothérapie
Dans tous les cas, les résultats sont trop précoces
plus de six mois, la testostérone ne remonte que
pour tirer des conclusions définitives.
très lentement à des valeurs normales (16). Seule une faible proportion des patients retrouve une fonction sexuelle et une libido normale. L’âge du
HORMONOTHÉRAPIE
patient est dans ce cas un facteur prédictif très
ET FONCTION SEXUELLE
L’hormonothérapie par castration médicale
Deux stratégies peuvent être utilisées pour
(agonistes de la LHRH) ou chirurgicale est le trai-
améliorer la fonction sexuelle des patients trai-
tement de référence du cancer prostatique métasta-
tés par hormonothérapie. La première consiste à
tique. L’hormonothérapie est alors définitive. C’est
administrer les hormones de manière intermit-
aussi, en association avec la radiothérapie pour
tente, en permettant au patient des périodes de
une durée de six mois à trois ans le traitement de
suspension thérapeutique pendant laquelle la
référence des cancers localement avancés.
testostérone peut éventuellement revenir à des valeurs normales (18). Calais da Silva a présenté
La base fondamentale du traitement est la
cette année dans plusieurs congrès les résultats
réduction quasi complète de la testostérone plas-
d’une étude randomisée comparant administra-
matique. Ceci induit la mort des cellules épithélia-
tion continue et intermittente d’agonistes de la
Y a-t-il encore une vie sexuelle après traitement pour cancer de la prostate ?
LRHR. Cette étude démontre qu’en termes de
plémenter ces protocoles de surveillance active
contrôle oncologique les résultats sont similaires.
avec traitement différé pour la plupart de ces
Cette alternance semble bénéfique pour la préser-
L’autre alternative est de prescrire, tout au
moins aux patients non métastatiques, un anti-androgène non-stéroïdien, le bicalutamide, qui
RÉFÉRENCES
ne diminuera pas la testostérone plasmatique et
1. Postma R, de Vries SH, Roobol MJ et al.: Incidence and fol-
le protégera dans une certaine mesure des com-
low-up of patients with focal prostate carcinoma in 2 scree-
plications sexuelles de l’hormonothérapie par
ning rounds after an interval of 4 years. Cancer. 2005; 103:
castration (20). Au moins une étude randomisée
2. Albertsen PC, Hanley JA, Fine J: 20-year outcomes following
a démontré que le contrôle de la tumeur était
conservative management of clinically localized prostate can-
similaire au contrôle obtenu avec une castration
cer. JAMA. 2005; 293: 2095-2101.
médicale et que le profil de toxicité, en tous les
3. Bill-Axelson A, Holmberg L, Ruutu M et al: Radical prostatec-
tomy versus watchful waiting in early prostate cancer. N Engl
cas sexuelle, était nettement en faveur du bicalu-
J Med. 2005; 352:1977-1984.
tamide. Malheureusement, ce médicament n’est
4. Steineck G, Helgesen F, Adolfsson J et al.: Quality of life after
pas actuellement enregistré en Belgique.
radical prostatectomy or watchful waiting. N Engl J Med.
2002; 347:790-796.
5. Dubbelman YD, Dohle GR, Schroder FH: Sexual Function
Before and After Radical Retropubic Prostatectomy: A
Systematic Review of Prognostic Indicators for a Successful
L’ATTENTE SOUS SURVEILLANCE,
Outcome. Eur Urol. 2006; 50(4): 711-720. LA SEULE APPROCHE VALABLE
6. Montorsi F, Guazzoni G, Strambi LF et al.: Recovery of spon-
taneous erectile function after nerve-sparing radical retro-
POUR PRÉSERVER LA SEXUALITE
pubic prostatectomy with and without early intracavernous
DES PATIENTS
injections of alprostadil: results of a prospective, randomized
trial. J Urol. 1997; 158: 1408-1410.
7. Briganti A, Montorsi F: Penile rehabilitation after radical
L’utilisation intensive et incontrôlée du PSA a
prostatectomy. Nat Clin Pract Urol. 2006; 3:400-401.
augmenté dramatiquement le nombre de patients
8. Langley S, Laing R, Henderson A et al.: European collabora-
diagnostiqués avec un cancer de la prostate (21).
tive group on prostate brachytherapy: preliminary report in
1175 patients. Eur Urol. 2004; 46:565-570; discussion 570.
Une grande majorité de ces cancers prostatiques
9. Incrocci L: Sexual function after external-beam radiothe-
sont de très faible agressivité et ne nécessiteront
rapy for prostate cancer: what do we know? Crit Rev Oncol
pas de traitement (22). Les chances qu’ils progres-
Hematol. 2006; 57:165-173.
sent et entraînent le décès du patient sont très
10. Ohebshalom M, Parker M, Guhring P et al.: The efficacy of sil-
denafil citrate following radiation therapy for prostate cancer:
faibles. Bien qu’aujourd’hui on puisse identifier
temporal considerations. J Urol. 2005; 174: 258-262; discussion
un groupe de patients à très faible risque de pro-
gression, la majorité des thérapeutes vont recom-
11. Bhatnagar V, Stewart ST, Huynh V et al.: Estimating the risk
of long-term erectile, urinary and bowel symptoms resulting
mander à ces patients un traitement radical et les
from prostate cancer treatment. Prostate Cancer Prostatic Dis.
exposer à des complications inutiles (23). Une
2006; 9:136-146.
revue récente d’une large base de données estime
12. Miller DC, Sanda MG, Dunn RL et al.: Long-term outcomes
among localized prostate cancer survivors: health-related
que 45% des patients avec un cancer de la prostate
quality-of-life changes after radical prostatectomy, external
à faible risque sont inutilement traités. Plusieurs
radiation, and brachytherapy. J Clin Oncol. 2005; 23:2772-
études ont par ailleurs démontré que ces patients
13. Potosky AL, Davis WW, Hoffman RM et al.: Five-year outco-
pouvaient être suivis par des dosages répétés du
mes after prostatectomy or radiotherapy for prostate cancer:
PSA et que l’intervention peut ainsi être évitée
the prostate cancer outcomes study. J Natl Cancer Inst. 2004;
96:1358-1367.
14. Poissonnier L, Chapelon JY, Rouviere O et al. : Control of
Prostate Cancer by Transrectal HIFU in 227 Patients. Eur.
15. Potosky AL, Knopf K, Clegg LX et al.: Quality-of-life out-
CONCLUSION
comes after primary androgen deprivation therapy: results
from the Prostate Cancer Outcomes Study. J Clin Oncol. 2001;
19: 3750-3757.
Le cancer de la prostate est une maladie fré-
16. Fridmans A, Chertin B, Koulikov D et al.: Reversibility of
quente dont on surestime sans aucun doute la
androgen deprivation therapy in patients with prostate can-
réelle agressivité. Invariablement, tous les traite-
cer. J Urol. 2005; 173:784-789.
ments vont entraîner des complications sexuelles
17. Wilke DR, Parker C, Andonowski A et al.: Testosterone and
erectile function recovery after radiotherapy and long-term
souvent débilitantes pour le patient. Après quel-
androgen deprivation with luteinizing hormone-releasing
ques années, la fréquence des effets secondaires
hormone agonists. BJU Int. 2006; 97:963-968.
des différents traitements ne varie pas sensible-
18. Bhandari MS, Crook J, Hussain M: Should intermittent
androgen deprivation be used in routine clinical practice? J
ment entre les patients. Il est dès lors urgent d’im-
Clin Oncol . 2005; 23:8212-8218.
2006 ; 125, 10 : S452-458
19. Calais Da Silva FM, Calais Da Silva F, Bono A et al.: Phase
21. Mambourg F, Van den Bruel A, Devriese S et al.: L’antigène
III intermittent MAB vs continuous MAB. J Clin Oncol. 2006;
prostatique spécifique (PSA) dans le dépistage du cancer de
24:4513.
22. Tombal B: Over- and Underdiagnosis of Prostate Cancer: The
20. Iversen P, Tyrrell CJ, Kaisary AV et al.: Bicalutamide mono-
Dangers. European Urology Supplements. 2006; 5: 511-513.
therapy compared with castration in patients with nonmeta-
23. Miller DC, Gruber SB, Hollenbeck BK et al.: Incidence of ini-
static locally advanced prostate cancer: 6.3 years of followup.
tial local therapy among men with lower-risk prostate cancer
J Urol. 2000; 164:1579-1582.
in the United States. J Natl Cancer Inst. 2006; 98: 1134-1141.
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